celui que l'on assassinait ...
« allo, je suis bien de le service de gastro ? parce qu’il y a le patient de la 1833 qui appelle sans arrêt le 15, il dit que vous êtes en train de l’assassiner . C’est vrai ? »
oh et, si c’était vrai tu crois que je te le dirai . Oui, monsieur. Il nous emmerde trop, nous avons donc décider de l’occire . Ne vous inquiétez cependant pas, c’est une décision collégiale, mûrement réfléchie.
Et si ce n’est pas vrai, tu crois vraiment que ma parole a valeur de preuve : « bon j’ai appelé dans le service, j’ai parlé à une nana, je ne sais pas trop son nom, ni ce qu’elle fout dans l’hôpital, mais en tout cas elle m’a bien dit que personne n’était en train de l’égorger »
Personne n’est jamais monté vérifié.
Lui, il croyait vraiment qu’on voulait le tuer, il délirait sévère version paranoïaque…
à 30 ans il avait réussi à faire ce que d’autres font en 60 ans de consommation massive d’alcool : une démence alcoolique.
( korsakoff pour les intimes, pour les suspicieux : en fait c’était pas vraiment un korsakoff parce que ça a régressé au bout de plusieurs mois d’une version légumineuse, incapable de marcher, de manger seul, de pisser seul, de penser le moindre truc cohérent ) .
il flippait, version angoisse incontrôlable qu’à chaque prise de sang, qu’à chaque injection on lui refile un poison mortel…
Moi, je répondais donc gentiment au téléphone, que tout allait très bien, que personne ne tuait personne.
Pourtant doublement coupable : de ne pouvoir le rassurer, Et de ne pouvoir faire autre chose pour le soigner que des intra musculaires de vitamines dans le cul ( B1 et B6 pour les intimes, pour les suspicieux : en IM c’est beaucoup mieux absorbé que per os, un peu ( barré ) beaucoup plus douloureux aussi ).
Pour le reste, on a laissé le temps maître de l’histoire, et le temps a été sympa il l’a bien amélioré …